L’autocensure

La censure, c'est mal; mais l'autocensure c'est pire !

Parfois, le monde autour de nous possède une autorité quelconque (légitime ou non) qui ne souhaite pas que notre propos soit dit, lu, entendu, partiellement ou dans son intégralité. On définit plus ou moins ainsi la censure, et c’est quelque chose de généralement détestable. Aujourd’hui je ne vais parler que de l’autocensure.

Parfois, nous nous censurons nous-mêmes. Dans de nombreuses circonstances, parfois inconsciemment, nous sommes capables de modérer nous-mêmes notre propos dans le doute qu’il puisse être mal interprété. Dans certains cas nous en arrivons à le supprimer totalement.

Tout ce qui se tait ne consent pas.

Proverbe

Cette autocensure peut avoir lieu à la maison ou au travail, auprès d’inconnus ou de personnes très proches. Je me suis rendu compte récemment que j’en étais aussi victime, cet article par exemple a été entamé bien longtemps avant que j’ose le finir. Faisons un petit tour d’horizon de ce que “les autres”, au sens large, peuvent avoir comme effet sur nous. Comment la pression des pairs peut nous imposer une mesure dans nos propos, même lorsque nous ne le souhaiterions pas forcément…

Quand est-ce que je m’autocensure ?

Je suis d’habitude plutôt affirmé, mes opinions sont connues de mon entourage et je ne manque pas de les rappeler régulièrement. Qu’il s’agisse d’opinions libristes, religieuses, politiques  ou de mes avis sur différentes attitudes sociétales, humaines, que l’on parle plus légèrement de mon avis sur le dernier épisode de la dernière série que je découvre ou de celle que je regarde pour la énième fois, d’un PNJ du dernier scénar de JdR; je n’ai pas ma langue dans ma poche et je n’ai pas peur d’avoir des discussions animées !

Toutefois certains contextes, par exemple dans mon travail, me font me retenir de partager tel manifeste un peu véhément de la quadrature du net, tel article récupéré sur le khryspresso ou encore une image humoristique glanée ici ou là qui me fait rire mais “m’exposerait” un petit peu trop politiquement, ou personnellement en sous-entendant une approbation de ma part du contenu. C’est un trait que je me suis découvert sur le tard. Mais je lutte quotidiennement contre depuis qu’il m’est apparu, et le combat n’est pas facile !

Je m’autocensure également plus consciemment dans d’autres contextes, en partie de jdr, par exemple, si je souhaite laisser la parole à quelqu’un qui s’exprime moins souvent que moi. J’ai beau avoir une jolie line eh bien je la garde pour moi, ou pour plus tard (ZEUGMA !). Je profite du spectacle et ravale mon intervention.

Dans certains de mes cercles d’amis non-informaticiens, je passe parfois sur un usage d’un GAFAM ou d’un logiciel non-libre. Y compris dans des situations où j’aurais sauté au plafond avec d’autres. Simplement pour ne pas “harceler” les gens avec mes principes, pour ne pas me faire classer dans “ce relou de libriste” et n’être plus défini que par ça.

Quand est-ce que vous vous autocensurez ?

Et vous ? Vous rendez-vous victime de l’autocensure également ? Dans quelle mesure ? Dans quels contextes ? Face à quels types d’interlocut·eur·rice·s ? Je vais te parler directement, toi, lect·eur·rice.

Es-tu plutôt à crier haut et fort ce que tu penses, quel que soit le contexte, quitte à ce que les conséquences soient violentes ? Ou seul·e·s tes ami·e·s proches te connaissent réellement ? Censure de tes choix auprès de ta famille ou autocensure de tes propos au taf ? Je suis curieux, dis-m’en plus dans les commentaires ci-dessous !

Est-ce que tu réalises seulement à cette lecture les rares fois où cela t’est arrivé ? Luttes-tu pour cacher tes opinions politiques au quotidien ? Dois-tu mentir à tes proches par peur de leur regard sur tes croyances, ton orientation sexuelle ou ton addiction ? Courage ! Nous sommes tous victimes de ce poids de l'”autre”, et il est parfois très lourd à porter. Je dirais bien qu’il te faut être toi-même et se ficher de l’avis des autres, mais je ne te connais pas. Je ne te connais pas, et je ne connais que trop bien la douleur que peuvent infliger des mots. De plus, je sais d’expérience que parfois, même si tu t’en fiches, les autres ne pourront s’empêcher de te frotter leur avis sur le visage jusqu’à la nausée !

Alors chacun·e fait comme iel l’entend, mais prenons tou·te·s conscience de nos moments d’autocensure. Ceci pour les combattre lorsqu’ils sont inconscients, et en mesurer la portée lorsque nous le faisons volontairement. En prenant conscience de nos blocages, nous pourrons peut-être apercevoir ceux des autres. Et pourquoi ne pas leur lancer une bouée de temps en temps ? Une main tendue au bon moment peut aider, vraiment.

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